Artpress #416, November 2014
Béatrice Balcou au Casino Luxembourg / 12 July - 7 September 2014

When you enter into the room where Walk in Beauty takes place, you are immediately truck by a feeling of harmony and tranquility. Curtains made of white and ochre silk floats over wooden objects - a shipping case, wedges, a pair of sawhorses and a bubble-wrapped tray leaning against a wall. This is not just a space to be crossed. We are being offered a chance to experience a particular moment in time, the eve of the mounting of an art exhibitions.
Béatrice Balcou picked out Vitrine (film 3) by Bojan Šarčević from the Mudam’s collection. The piece is kept hidden from view in a protective container. Balcou offers us a copy in the same space. This « placebo », an artifact made of hand-polished wood, is not meant to be a substitute for what it imitates. What it shows is the act that made it. The same concern for reproducing an act marks Balcou’s performance Untitled Ceremony #03, based on the protocol for a Japanese tea ceremony. The performers she trained unwrap, reconstitute and repack the chosen piece in front of a small audience, producing a long dialogue with the original work. The act of concealing is followed by the act of making visible. This phenomenology captures our attention. In contrast to other forms of meditation, Balcou offers us just one: the direct experience of time.

Lorsque l'on pénètre dans Walk in Beauty on est immédiatement saisi par l'harmonie et la quiétude qui s'en dégagent: des rideaux de soie blancs et ocre flottent au-dessus d'une caisse de transport en bois, de cales, d'une paire de tréteaux et d'un plateau enveloppé de papier bulle adossé à un mur. On comprend alors que, par delà un espace à parcourir, c'est à la perception d'un temps particulier que l'on est convié: celui qui précède l'exposition d'une oeuvre d'art.
Vitrine (film 3) de Bojan Šarčević a été choisi par Béatrice Balcou dans les collections du Mudam. Soustraite aux regards, conservée dans sa boîte de protection, on en voit une copie qui n'en est pas une, exposée dans le même espace. Cette "oeuvre placebo" n'a nulle vocation à se substituer à ce qu'elle imite. Cet artefact réalisé en bois et poli à la main donne à voir le geste qui l'a façonné. C'est cette même attention au geste que l'on retrouve dans Untitled Ceremony #03, performance proposée par Béatrice Balcou. Reprenant des règles de la cérémonie du thé japonaise, les performeurs initiés par l'artiste déballent, reconstituent et remballent l'oeuvre choisie pour un public restreint. Un long tête-à-tête se crée alors entre celui-ci et l'oeuvre. À l'acte de cacher succède ainsi celui de faire apparaître. Cette phénoménologie assume la fonction de capter l'attention. À rebours des formes de médiation, Béatrice Balcou n'en propose finalement qu'une seule : l'expérience frontale du temps.

Rozenn Canevet (translation, L-S Torgoff)